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Duralex, Bergère de France… Quelles opportunités pour l’ESS dans le secteur industriel ?

Industrie et ESS
NOTRE
ACTION

En 2024, Les Petites Rivières a accompagné, dans le cadre d’un groupement constitué avec Vertone / Mensia / Finetic, la direction des investissements de la Banque des Territoires dans la réalisation d’une étude exploratoire. Dans un contexte marqué par la reprise en Scop de Duralex et Bergère de France, l’agence a travaillé sur les freins et les leviers du changement d’échelle de l’ESS dans le secteur industriel. Près de 100 entretiens ont été organisés pour qualifier la contribution des structures de l’ESS à l’industrie, analyser les facteurs clés de succès de son développement et cartographier les modalités de coopération potentielles avec les industries traditionnelles.

Le Contexte de production de cette étude

Il est plutôt rare d’associer « industrie » à « ESS », comme si les termes étaient antinomiques. La tendance est plutôt de considérer les structures de l’ESS comme des acteurs à vocation artisanale, dès lors qu’on évoque leurs capacités de production. Pourtant, les activités industrielles font pleinement partie des secteurs explorés par l’ESS. Historiquement, les entreprises adaptées et les ESAT se sont d’ailleurs positionnés sur la sous-traitance industrielle. De nombreuses structures de petite taille ont aussi pu changer d’échelle ces dernières années dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile ou de l’économie circulaire et sont entrées dans un processus d’industrialisation. Les financements de la Banque des Territoires ont ainsi pu soutenir le développement d’acteurs comme Vesto, Lemontri ou tout dernièrement, Groupe Archer. Quant aux structures d’insertion, certaines sont spécialisées dans la mise à disposition de personnel dans les métiers industriels, comme les Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq Métallurgie Industrie Hauts-de-France par exemple) ou de nombreuses entreprises de travail temporaire d’insertion.

Cependant, les plus de 1 350 structures de l’ESS évoluant dans les secteurs industriels ne représentent que 0,8% des entreprises industrielles. Il existe donc un potentiel considérable pour renforcer leur positionnement et contribuer ainsi à l’émergence d’une industrie à fort impact social et environnemental et à une réindustrialisation locale et solidaire. Pour Christophe Genter, directeur du département cohésion sociale et territoriale de la direction de l’investissement de la Banque des Territoires, l’ESS est ainsi « à même de jouer un rôle important à l’heure de la réindustrialisation, en favorisant l’insertion, la relocalisation des activités et les filières courtes, pour plus de cohésion sociale et territoriale ».

La méthodologie de construction de l’étude

Dans l’objectif de qualifier ce rôle et d’identifier les freins et leviers au changement d’échelle de l’ESS dans l’industrie, la Banque des Territoires a ainsi confié en 2024 à Les Petites Rivières, en groupement Vertone / Mensia / Finetic, la réalisation d’une étude exploratoire. 100 entretiens, avec des fédérations professionnelles, des industries classiques, des structures et réseaux de l’ESS, des services ESS de régions et d’intercommunalité ont été nécessaires pour appréhender pleinement la place de l’ESS dans le secteur industriel et son rôle dans la réindustrialisation. Des monographies ont également été réalisées en partenariat avec les directions régionales de la Banque des Territoire et la contribution des Régions pour illustrer les dynamiques territoriales, dans les Hauts-de-France, en Grand Est et Pays de la Loire, et à l’échelle d’une intercommunalité, sur Valence Romans Agglomération.

Des leviers de développement identifiés

Si la méconnaissance entre industries classiques et acteurs de l’ESS a été soulignée à de nombreuses reprises, d’autres freins au développement entrent en ligne de compte, comme les problématiques d’accès au foncier ou les risques concurrentiels sur l’accès aux gisements dans le cadre de l’économie circulaire. Pour faire face à ces difficultés, l’étude propose d’explorer plusieurs leviers complémentaires :

  • Levier n°1 – Favoriser les coopérations économiques entre entreprises de l’ESS et entreprises industrielles conventionnelles
  • Levier n°2 – Promouvoir et/ou adapter les stratégies et les outils de financement existants
  • Levier n°3 – Développer une stratégie foncière facilitant l’accès des entreprises de l’ESS à des locaux industriels
  • Levier n°4 – Faire des entreprises de l’ESS des partenaires RH incontournables pour le recrutement des talents dans l’industrie
  • Levier n°5 – « ESS-iser » les filières industrielles.
Loupe Les Petites Rivières

Ces leviers sont issus de l’analyse de bonnes pratiques détaillées dans l’étude, notamment en matière de coopérations économiques entre industries classiques et ESS, thématique sur laquelle un panorama inspirant a d’ailleurs été élaboré

Nous espérons que le travail réalisé, restitué au Hub des Territoires et lors des Journées de l’Économie autrement à Dijon, permettra de donner des pistes pour faire évoluer les politiques publiques industrielles nationales comme locales. Il s’agit de permettre à l’ESS de libérer son potentiel pour contribuer à son échelle à atteindre l’objectif d’atteindre une industrie représentant 12% du PIB à l’horizon 2035, de réussir la décarbonation du secteur et de maintenir et développer des emplois industriels non délocalisables. Alors, à quand de nouveaux Duralex et Bergère de France pour essaimer les industries à impact?

Loupe Les Petites Rivières

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