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Responsabilité sociétale des entreprises : de quoi parle-t-on ?

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Innovation ou empreinte sociale, citoyenneté, création de valeur, engagement sociétal… Les concepts se sont multipliés ces dernières années pour caractériser la participation active des entreprises à la société. Politiques publiques et normes semblent pourtant s’être accordées autour d’une notion : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Mais de quoi s’agit-il ?

 

La responsabilité sociétale dans les usages

Les puristes nous diront sans doute que « sociétal » n’a aucun sens, grammaticalement parlant : entre-t-on à l’université pour suivre un cursus universital ? Va-t-on chez le psychanalyste en cas de crise identitale ? Non, vous direz-nous, et vous aurez parfaitement raison : « aucun autre adjectif en -tal n’est formé en français sur un substantif en –té » nous apprend le chercheur François Héran, cité par les correcteurs du Monde.fr. Pourtant, nous n’avons pas peur : nous prendrons ici le risque de subir les foudres de l’Académie des sciences morales et politiques. Après tout, qui est-on pour juger des usages ? Responsabilité sociale, responsabilité sociétale… nous avons pesé le pour et le contre et opté pour la dernière proposition, puisque ce glissement de vocabulaire nous semble être le signe d’un mouvement de fond dans les entreprises.

 

La responsabilité sociétale ou la transformation du rapport de l’entreprise à la société

« La leçon générale de ce mouvement est claire : on vit « une sociétalisation » de l’économie de marché, qui l’anime et qui oblige à repenser le management de l’entreprise […] De fait, le lien entreprise–société est devenu aussi influent dans la chaîne économique de création de valeur que le lien entreprise-marché l’a été en phase de décollage de nos économies »

source : observatoire des enjeux RSE 2015, Institut RSE Management

 

C’est bien l’approfondissement du lien de l’entreprise à la société que symbolise ce glissement de vocabulaire, du social au sociétal. Le texte de référence de la Plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises, créée en 2012, explique d’ailleurs que « l’expression anglaise « social responsibility » a pour sens « responsabilité au regard de l’ensemble de la société ». C’est pour cela que la Plateforme RSE est …. sociétale ».

 

La responsabilité sociétale : une définition officielle

Nous avons poussé plus loin l’enquête et les preuves sont irréfutables. Ainsi cette même plateforme RSE, réunissant aussi bien le MEDEF, la CGPME et l’ANDRH, que la CGT et la CFDT en passant par Amnesty International France, Les Amis de la Terre et le Comité 21, a planché sur une définition partagée de la responsabilité sociétale. Elle a finalement retenu celle que la Commission européenne employait précédemment pour « responsabilité sociale » dans ses communications : il s’agit de « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société », une responsabilité qui se pratique tant par le respect des législations en vigueur que par des engagements volontaires.

 

Autre élément à prendre en considération : LA norme internationale pour les organisations qui souhaitent opérer « de manière socialement responsable ». Elle s’intitule « ISO 26 000, lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale ». Il ne s’agit pas uniquement de se mettre en adéquation avec les droits de l’Homme, d’améliorer les relations et conditions de travail et de garantir la loyauté des pratiques (champ social de l’entreprise), mais aussi de s’appuyer sur les « communautés » et de favoriser « le développement local » (champ sociétal de l’entreprise).

 

 

Responsabilité sociétale = contribution aux enjeux du développement durable

Énoncé plus simplement, la responsabilité sociétale, c’est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable » nous apprend le Ministère de l’Environnement. Elle inclut donc ses trois volets : environnemental, social et économique. Le Global Compact France, déclinaison d’une initiative des Nations-Unies en faveur de la responsabilité sociétale, propose ainsi depuis peu aux entreprises de présenter leurs actions en la matière selon les nouveaux objectifs de développement durable, parmi lesquels : pas de pauvreté, villes et communautés durables, consommation et production responsables, etc.

 

La responsabilité sociétale, c’est du concret ?

Est-ce plus clair ainsi ? Rien n’est moins sûr, il faut bien le dire. Alors que peut-on trouver, concrètement, dans les politiques de responsabilité sociétale des entreprises ?

 

Les publications des associations d’entreprises (voir ici ou par exemple), les rapports développement durable et sites web des entreprises en démarche de RSE sont de grandes sources d’information pour confronter le concept à la réalité.

 

La responsabilité sociétale amène une entreprise à contribuer au développement local, en se lançant par exemple dans une politique d’achats responsables ou de mécénat. Elle peut prendre la forme d’actions visant à réduire l’empreinte carbone, comme la relocalisation d’activités ou une politique d’approvisionnement plus écologique. Elle peut consister à déployer une politique de diversité dans ses ressources humaines, ou à soutenir l’emploi local et l’insertion des personnes éloignées de l’emploi sur son territoire, à travers du tutorat ou des temps de rencontre pour faire découvrir ses métiers. Elle peut reposer sur des partenariats solidaires avec les les organisations de l’économie sociale et solidaire, rapprochements qu’accompagne spécifiquement Les Petites Rivières.

 

Les parties prenantes au cœur des logiques de responsabilité sociétale

Quoiqu’il en soit, l’approfondissement du lien de l’entreprise à la société s’explique généralement par le poids de plus en plus important donné aux parties prenantes. Consommateurs, pouvoirs publics, salariés, fournisseurs observent les comportements des entreprises et sont de plus en plus attentifs à leur impact social et territorial. Ils peuvent influer sur la réputation des marques, l’acceptabilité de leurs activités, le développement de leurs marchés. Ainsi, selon une enquête Deloitte menée en 2016 auprès de 7 700 membres de la Génération Y dans 29 pays, près de 9 collaborateurs sur 10 (87 %) estiment que la réussite d’une entreprise devrait être mesurée sur des critères allant au-delà des seuls résultats financiers. 

 

Sous l’influence des parties prenantes, quelles sont les tendances de la responsabilité sociétale pour les années à venir ? La suite dans notre prochain épisode !

Grammairiens, n’hésitez pas à nous contacter pour nous donner votre point de vue. Collaborateurs d’entreprises en démarche de responsabilité sociétale, directeur achat, RH, communication, développement durable, etc. : contactez-nous pour en savoir plus sur nos services !

Commentaires (1)

Contenu très pertinent, instructif, avec des sources irresprochables. Bravo !
Petit bémol : j aurais, pour ma part, commencé par annoncer la fin en guise de teaser ! (On sait La lecture rapide de nos jours :))
Bon contenu, j attends La suite…

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